Le rapport Artuso

En mars 2013, le Gouvernement donnait à l’Université du Luxembourg la mission d’étudier de plus près l’éventuelle implication des autorités luxembourgeoises dans les persécutions antisémites pendant l’occupation nazie. Vincent Artuso, l’historien auquel ce travail fut confié, publia en 2015 son rapport final intiulé La ‘question juive’ au Luxembourg (1933-1941). Dans ce rapport communément appelé après son auteur, Vincent Artuso allait plus loin dans ses critiques que la Commission qui avait étudié quelques années plus tôt le problème des spoliations. L’historien y concluait en effet que les administrations luxembourgeoises avaient collaboré dans le cadre des persécutions antisémites « tant qu’elles furent invitées par l’occupant et s’acquittèrent bien souvent de leur mission avec diligence, voire avec zèle – certains chefs d’administration n’hésitant pas à prendre des initiatives. » (p. 227 du rapport Artuso)

Les recherches de Vincent Artuso marquèrent un tournant décisif dans l’appréciation scientifique et sociétale des persécutions antisémites au Luxembourg. Elles eurent même des conséquences politiques puisque le 9 juin 2015 la Chambre des Députés adoptait à l’unanimité une résolution dans laquelle elle reconnaissait les souffrances de la population juive pendant la guerre et présentait « ses excuses à la communauté juive ». La Chambre y soulignait par ailleurs « l’importance » de ne pas abandonner les recherches sur la Shoah au Luxembourg et ceci dans l’objectif d’« éviter l’oubli de faits dramatiques et marquants de notre Histoire. » (p. 243)